Charles Buttner, un pas en avant, deux pas en arrière…

… Charles Buttner revenait également sur la composition du « groupe projet » 1 mentionné dans le communiqué commun de janvier qu’il avait pourtant signé, en faisant part de sa vision des choses et en récusant la présence de socioprofessionnels du CESA car estimant « ne pas avoir à recevoir de leçons de gens qui ne savent pas comment cela fonctionne ». Il affirmait même que certains représentants de la société civile lui avaient confié qu’ils auraient préféré voter contre les avis du CESA sur la gouvernance alors même que ceux-ci avaient été adoptés à une très large majorité…
J’avoue que j’ignorais que certains membres du CESA n’étaient pas libres de leurs opinions et votes et que ce faisant ils allaient se plaindre chez le président du Département du Haut-Rhin !
Bernard Stalter, le président du CESA ne tarda pas à réagir et répondit à Charles Buttner par un courrier deux jours plus tard dont il m’envoya une copie 2 dans lequel il faisait part de sa surprise et de l’indignation de l’assemblée qu’il présidait à la lecture de ses propos lus dans la presse.
Pour ce qui me concerne, j’adressai un courrier à Charles Buttner le 26 avril que je diffusai aux membres du CESA ainsi qu’aux conseillers régionaux et généraux d’Alsace et à quelques autres élus :
« Monsieur le Président,
C’est avec étonnement que j’ai lu dans la presse régionale vos propos concernant les membres du CESER que vous avez qualifiés de « donneurs de leçons » et de gens qui « ne savent pas comment cela fonctionne » en évoquant le dernier avis du CESER sur la gouvernance en Alsace.
Bien que n’étant plus membre du CESER depuis octobre 2007 mais en ma qualité de membre honoraire ainsi que de président de la commission « gouvernance » du CESA de 2005 jusqu’au premier avis de juin 2007 sur ce sujet, je puis témoigner que personne dans cette réflexion ne s’est érigé en « donneur de leçons ».
Le CESER est une école d’humilité que j’ai fréquentée durant trois mandats et ceci m’autorise à vous dire que s’il est un endroit où il ne vaut mieux pas prendre une telle posture, c’est celui-là.
La diversité des origines et des parcours de ses membres qui fait toute la richesse du CESER, oblige les socio-professionnels à la prudence et à l’écoute de l’autre et c’est une expérience unique et très enrichissante que d’y arriver plein de certitudes et d’en ressortir avec quelques interrogations au contact de vécus différents.
Je puis vous assurer que l’avis sur la gouvernance de juin 2007 a été le fruit d’un travail de longue haleine démarré en 2002, documenté, éclairé de commentaires d’experts et d’auditions sérieuses (dont la vôtre) ainsi que d’une implication et d’un grand travail de recherche de la part des membres de la commission que j’avais l’honneur de présider.
Il était de notre droit le plus strict de « citoyens-contribuables-électeurs » d’abord puis en notre qualité de représentants de la société civile alsacienne ensuite, d’aborder un thème difficile certes mais fondamental, longtemps évoqué mais jamais débattu de façon approfondie.
L’écho médiatique autour de notre avis de juin 2007 a largement contribué à lancer le débat et a donné une certaine visibilité à nos travaux. Les différentes prises de positions des uns et des autres aujourd’hui prouvent que notre objectif initial est largement atteint.
Jamais aucun responsable politique n’a exprimé l’idée que le CESA avait travaillé dans l’approximation et la méconnaissance du sujet abordé.
C’est pourquoi je suis très étonné par vos remarques et j’imagine qu’elles ont dû dépasser votre pensée.
Tenir à l’écart du groupe de travail en cours de constitution le CESER, c’est nier le rôle des socio-professionnels et leur implication dans les politiques publiques des collectivités territoriales alsaciennes.
Devant la crise actuelle de la « démocratie représentative » dont vous êtes un élu et qui se manifeste par un taux d’abstention record lors des consultations électorales, peut-être devriez-vous réfléchir à considérer autrement, l’avis des socio-professionnels.
En effet, la « démocratie participative » qu’ils incarnent ne doit pas être vue comme une contrainte mais comme une ardente nécessité afin que le citoyen, face à la complexité de nos sociétés modernes, dispose de relais qui lui permettent de s’exprimer autrement et d’une façon plus approfondie et régulière que par un vote tous les cinq ou six ans.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes respectueuses salutations. »

Notes

[1] : Groupe formé d’élus et de socioprofessionnels chargé de mettre au point la structure et le fonctionnement du Conseil d’Alsace.

[2] : Courrier daté du 19 avril 2011.