Ces élections ont eu lieu simultanément les 20 et 27 juin prochains. Il est cependant frappant de constater, à la lecture des programmes, professions de foi et autres tracts distribués, à quel point les candidats et candidates aux élections départementales en Alsace, faisaient si peu référence à l’enjeu régional !
Nous restons dans la « littérature » et les discours convenus, auxquels nous avons droit à chaque élection de ce type, depuis des lustres. Il n’y a aucune originalité, aucune innovation et un manque flagrant d’imagination de la part de ces aspirants à la fonction de Conseillers d’Alsace destinés à siéger dans une nouvelle collectivité, la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) qui a vu le jour seulement 6 mois auparavant.
Pourtant, il y avait un enjeu d’une toute autre dimension du simple fait que les Alsaciens sont au milieu du gué depuis que l’Alsace a retrouvé une identité institutionnelle.
Quel est l’avenir de la CEA ?
Quels sont ses réelles compétences qui la différencient des autres Départements de la Région Grand Est ?
A-t-elle les moyens et surtout les pouvoirs de ses ambitions ?
Que peuvent faire les futurs Conseillers d’Alsace pour faire évoluer la situation de la collectivité alsacienne au sein de la Région Grand Est qui détient les clés de la cage dans laquelle elle est consignée ?
Sur toutes ces questions, silence…
Certains candidats clamaient haut et fort qu’il faut à tout prix sortir du Grand Est mais le propos s’arrêtait là et il n’y avait pas le moindre début d’explication sur la façon d’y parvenir.
Où étaient les candidats qui s’engageaint par exemple à réclamer au Grand Est le transfert de certaines compétences économiques afin que le CEA puisse élaborer une politique de coopération transfrontalière efficace et moins contrainte ?
Où étaient celles et ceux qui demandaient un transfert de compétences afin de pouvoir gérer au plus près leurs lycées comme ils le font déjà pour leurs collèges ?
Où étaient enfin celles et ceux qui expliquaient aux Alsaciens pourquoi ces demandes représentent une véritable plus-value pour l’Alsace ?
Il faut dire la vérité et la répéter aux Alsaciens, le sort de l’Alsace ne dépend pas d’elle mais du bon vouloir du législateur et de la Région Grand Est ainsi que de l’accord des autres Départements qui la composent.
Cette dépendance n’empêche nullement de se positionner par rapport à l’existence même de la Région Grand Est, bien au contraire, il faut montrer aux électeurs dans quelle situation l’Alsace se trouve aujourd’hui et de quelle façon nous pouvons faire évoluer les choses sans tomber dans la démagogie et les postures faciles.
Ces questions ne peuvent pas et ne doivent pas rester la seule préoccupation des seuls candidats désireux de siéger à la Région Grand Est car les vrais élus de proximité, ce sont les Conseillers d’Alsace, les mieux à même de s’adresser directement aux Alsaciens sur le terrain.
Où est ce lien entre les élections départementales et régionales?
Quel est le message des partis politiques auxquels les différents prétendants adhérent ?
Cette étrange campagne en Alsace pour celles et ceux qui aspirent à y jouer un rôle de premier plan en intégrant la CEA, ne permettait pas aux Alsaciens de comprendre les vrais enjeux de ces élections.
Cette attitude qui ne faisait pas référence à l’enjeu régional, voulait-elle dire que les candidats se satisfont de l’existence du Grand Est tel qu’il est ?
Sont-ils favorables au statu quo ?
Vont-ils se contenter d’une CEA très contrainte dans ses prérogatives et uniquement s’occuper de leurs petites affaires cantonales comme les documents de campagne le laissaient entendre ?
Il y a fort à parier que les Alsaciens en veulent un peu plus que des bonnes têtes ravies sur des tracts en couleur !
Où est la vision ? Quel est le projet d’avenir pour l’Alsace ? Quelle est la voie à suivre pour que l’Alsace retrouve ses compétences régionales ?
Faute de répondre à ces questions, la mobilisation électorale a été faible et la démocratie en a pris un sérieux coup par la faute de quelques élus alsaciens qui n’auront encore regardé que leur nombril…